"Là où Vous avez prié, Nous prions..." Cette phrase, qui nous a accueillie lors de notre retour "au pays" en 82", n'est pas sans rappeler celle prononcée par le muphti au duc de Rovigo, en 1832 lors de l'inauguration de la cathédrale : "Notre mosquée changera de culte sans changer de maître..." (cliquez) Oui notre église est devenue mosquée! On reconnaît encore une partie du clocher, (plus pour longtemps, en 89 on ne voyait plus que le minaret) : mais il y a toujours les 2 palmiers et les 2 bancs. Par contre, que sont devenues nos cloches, nos vitraux, nos
statues? Cette page correspond à Ouled Yaïch après l'indépendance, c'est à dire les 2 anciens villages regroupés. Nous espérons trouver dans les archives des documents sur la construction et les débuts d'Ouled yaïch , que nous appelions "la tribu". Pour l'instant nous ne possédons que la lettre du Maréchal Bugeaud. Voir historique(cliquer) |
Traduction de la lettre du 6 avril 1844
du maréchal Bugeaud, gouverneur général de l’Algérie,
adressée au maréchal Soult, Ministre de la guerre. (Page 1) Monsieur le Maréchal, Vous m’entretenez par votre dépêche du 26 de ce mois N° 137, des mesures à prendre pour rendre possible l’établissement de deux villages européens à Ouled Yaïch et à Meldouah, dont les territoires sont en ce moment occupés par des indigènes. Vous insistez particulièrement sur la création du premier ; vous pensez qu’il serait facile de transporter la tribu de Ouled yaïch sur un autre point et vous m’invitez à prescrire des dispositions à cet effet. Cette tribu, Monsieur le Maréchal, occupe un territoire qui était le sien avant la guerre. Chacun des habitants a des titres de propriété pour une fraction des terres qui en dépendent. Il serait donc fort difficile de la déplacer sans occasionner des mécontentements d’autant plus fâcheux qu’ils seraient fondés si la guerre et l’émigration(1) ont annulé ces titres, la soumission et le retour de la tribu les ont fait revivre. Comment dépouiller, en effet, ceux qu’on a reçus à composition et qu’on a replacer sur leur territoire pour les faire servir d’exemple aux autres tribus encore hostiles à l’époque où celle des Ouled yaïch a fait sa soumission ? Mais s’il n’est pas possible de déplacer complètement la tribu, on peut réduire l’espace qu’elle occupe ou combiner son maintien avec l’établissement d’un village européen sur une partie de son territoire. Il faut pour cela reconnaître les droits des habitants et les rendre propriétaires d’une fraction des terres qu’ils occupent en ce moment et les aider à construire des habitations solides et fixes, sur la partie du territoire qui leur sera réservée. Page 2 Cette proposition, Monsieur le Maréchal, se rattache à celle que j’ai déjà eu l’honneur de vous adresser d’une manière générale, touchant l’établissement de villages arabes, sur laquelle j’ai insisté dans une dépêche du 30 Mars dernier, relative à l’expropriation des terres de Medjer el Rhazoul. Je ne reviendrai pas ici sur les considérations politiques et coloniales que j’ai déjà invoquées et qui militent si puissamment en faveur de la prise en considération de ce projet. Votre Excellence a parfaitement compris tous les avantages à trouver dans un système qui nous donne des colons en même temps qu’il nous ôte des ennemis. En effet, une fois installés dans une maison bâtie, au milieu d’intérêts fixes, entouré de terres cultivées et plantées, l’Arabe perd ce qui a fait jusqu’à présent sa force de résistance contre nous, sa mobilité, et, s’il devient en même temps plus producteur et plus consommateur, car ce nouvel état lui crée des besoins qu’il n’avait connus auparavant. Je crois, Monsieur le Maréchal, que le moment est venu d’entrer dans cette voie de colonisation. La nécessité de porter la population européenne sur des points plus éloignés du centre et par conséquent au milieu des indigènes nous en fait une obligation. Nous ne pouvons prendre une partie des terres occupées par ceux-ci, qu’en les rendant propriétaires réels de celles que nous leur laisserons en leur faisant trouver dans cette nouvelle situation, les avantages matériels de l’installation à demeure fixe. Je vous prie donc, monsieur le maréchal, pour commencer à mettre ce système en pratique dans la province d’Alger, de vouloir bien autoriser la création d’un Aussitôt que vous aurez approuvé ce projet, je donnerai des ordres pour l’établissement des plans, projet et devis des deux villages ? Ces documents seront soumis en même temps au conseil d’administration. Agréez, je vous prie, monsieur le maréchal, l’assurance de mon respectueux dévouement. Le maréchal, Gouverneur Général. ![]() |